Quel beau voyage nous avons fait cette année encore. Les participantes avaient fantasmé l’Ouzbékistan mais la réalité a largement dépassé la fiction. Chaque jour j’entendais des « Oh, que c’est beau, incroyable » « époustouflant » comme dirait Iroda.
Jour 1 – mercredi 31/8/22 – Départ de Lyon et Paris par Turkish Airlines. Aéroport St Exupéry, Nicole, Ségolène et moi, faisons connaissance de Fadièse en provenance de l’Ain et Sylvie, de la Réunion. Nous retrouvons à Istanbul les 6 participantes parties de Paris, arrivées avant nous et faisons connaissance, c’est gai, malgré la fatigue, ça papote. Décollage repoussé, nous arrivons à Tachkent avec 1 h 30 de retard, 9h au lieu de 7h 30.
Jour 2 – Jeudi 01/09/22 – 9h. Quelle joie de retrouver Iroda et de la présenter à toute l’équipe. Nous partons immédiatement à l’hôtel Bristol, cosy et agréable, dans le célèbre quartier « Broadway » en plein centre. Après un petit déjeuner copieux et bienvenu, nous gagnons nos chambres pour une heure de repos. 11H Briefing , remise de documents supports de stage, présentation et propositions de mises en page. Pour commencer, chaque ville importante fera l’objet d’une double page avec de très grosses lettres, peindre un fond autour. A cet effet, j’ai préparé et découpé TACHKENT (et toutes les villes) en gros caractères, ça circulera. On peut faire des projections de taches. Je distribue également le nom des villes en cyrillique, afin que chacune se l’approprie.
12h 30- Déjeuner dans un superbe restaurant à la décoration typique, un mur de calots brodés (photo ci-dessus), du velours au plafond et des banquettes recouvertes de Suzanis, ces fameuses broderies Ouzbèkes à l’aiguille que chaque femme maitrise parfaitement. Les chachliks sont délicieux, pas gras et très variés! On se régale. Visite de la ville en bus, véritablement remplie de parcs, je ne m’en souvenais pas. Toute cette verdure est une agréable surprise et apaise un peu la bétonisation de la capitale. Depuis 2019 je ne suis pas revenue et la ville s’est amplifiée.
Vieille ville, nous arrivons sur l’immense ensemble Khast Imam et ses superbes Madrasas et mosquées. J’ai préparé un modèle avec 3 consignes. D’abord, 1) Skyline de la place au feutre bleu, 2) collage d’1 ou 2 sachets de thé (fond), dessin de la madrasa Barakh Khan au feutre brun et aquarelle sur les dômes et enfin 3) Croquer un morceau de mosaïque au feutre, sans oublier un petit pavé de texte. C’est pointu pour le premier jour mais il faut se mettre dans l’ambiance immédiatement. On reste 2 heures sur place.
Départ pour le Bazar Chorsu, le grand marché de la Capitale. Découvrons les berceaux traditionnels Ouzbeks et les fameux Sumaks qui vont de pair. Puis en face du dôme bleu, c’est le marché de légumes, fruits frais et secs, pastèques, melons, couleurs appétissantes et population curieuse de ces touristes alignés en rang d’oignons, dessinant tout ce qui passe. Enfin, pas tout, car j’ai demandé de lâcher 3 tâches d’aquarelle bicolores, de dessiner dedans au feutre noir de petits « arrêts sur images » scènes de vie, légumes, vendeuses, etc… Et ça marche !
Première journée bien remplie, surprise admirative des filles découvrant les merveilleuses mosaïques sur les frontons ou les dômes nervurés, déjà conquises. Elles en oublient leur fatigue. Pourtant, ce n’est que le début et Tachkent a de sérieuses rivales. Dès demain nous partons pour Boukhara en TGV, ma préférée sur la Route de la Soie.
Jour 3 – Vendredi 2/9/22 – Réveil matinal (6h 30) pour la gare de Tachkent. Ca bouge pas mal dans le train, les plus acharnées dessinent ou écrivent pendant que d’autres sommeillent. Arrivée à 13 h, le bus nous conduit dans la veille ville où se trouve notre hôtel Shohni Shin dans le quartier Juif près de Liabi Khaouz et son bassin. Je dois dormir ailleurs car il est complet depuis l’inscription récente de Sylvie. Mais la chambre de Murielle et Jacqueline s’avère tellement petite et peu pratique, je leur cède ma grande chambre et récupère la leur. Je serai plus près du groupe.
Vers 16h 30, nous partons à pied découvrir la ville, cet enchantement. Les coupoles marchandes (Toki Sarafon coupole des changeurs de monnaie) proposent mille objets à glaner, caftans, lutrins, artisanat, vestes, écharpes, miniatures, ciseaux et couteaux font la renommée de la ville. Nous arrivons enfin sur la place Poï Kalon, composée de la Mosquée Khalon et la Madrasa Mir-I-Arab, près du fameux minaret Kalon. C’est magique et nous montons dans le café terrasse en face pour dessiner à bonne hauteur, tout en haut.
L’équipe scindée en 2 groupes répond aux consignes 1) aquarelle en pop-up de la madrasa Mir-I-Arab, vue de profil, 2) Pop-up du minaret Kalon sur la page de droite et au centre l’ami Nassredin Hodja, sur papier Kraft découpé. Ce conteur humoriste est célèbre dans toute la Perse et sa statue sur son âne, fait déplacer les foules sur la place Liabi Khaouz. 19h 45, le dessin se termine à la nuit tombée sous les lumières colorées de la célèbre place. Chaque jour, nous regardons l’ensemble des dessins terminés et chaque soir, les carnets circulent pour que chacune voit le travail des autres, je commente ou apporte quelques conseils si besoin.
Jour 4 – Samedi 3/9/22 – 9 h, dans la cour intérieure de l’Hôtel, nous commençons la journée par un atelier portrait. Je fais choisir mes photos d’Ouzbeks, visages à dessiner dans un contour d’Ouzbékistan, carte sur calque distribuée pour gagner du temps. Après l’aquarelle du portrait, je distribue du papier calque format A5 , afin de dessiner le même visage, de la main gauche. Ca fonctionne bien.
10h 45. Nous partons chez le célèbre marionnettiste de Boukhara. Démonstrations, manipulations, explications sur le processus de fabrication en papier mâché. « Quant à vous, Mesdames, Je vous demande de peindre façon « anticoloriage ». Petite démo rapide : poser des tâches d’aquarelle à la hâte pour dire vêtements et visages des marionnettes choisies et dessiner à l’intérieur avec le fameux crayon noir Cretacolor (à la cire), en laissant toujours déborder la couleur. Ca défoule, tout le monde adore. C’est si bon de dépasser !
Nous passons sur la belle place Liabi Khaouz, au bord du bassin, l’occasion de faire quelques clichés du fameux Nassredin Hodja sur son âne (tout le monde le touche, ça porte bonheur! ) et d’admirer la façade de la Madrasa Nadir Divan Begui, au fronton parcouru d’aigrettes légères, où nous assisterons ce soir, à un spectacle de danses et défilé de mode.
Pour l’heure, nous partons manger. Iroda nous a fait une surprise ! Le petit concert d’un ami violoniste nous accompagne de ses notes magiques. Comment s’imprégner d’Orient à chaque instant, merci Iroda.
Cet après-midi, nous allons toutes dessiner mon ami Nourredin, le dinandier qui travaille devant la Mosquée Bolo Haouz que je vois chaque année. Ravi de me revoir depuis 2019, il sourit, discute, heureux de nous retrouver, Iroda traduit. Pour la mise en application de l’atelier du matin, il pose pour le groupe avec son petit sourire malicieux. Boukhara est une ville de pèlerinage. Les femmes Ouzbèkes veulent figurer sur les photos avec nous, sourires et mains sur l’épaule, très tactiles. En prime, quelques dents en or.
Après ce moment chaleureux, nous partons dessiner tout près, la belle Citadelle Ark du dernier Khan de Boukhara. J’ai apporté de la « terre de Cassel » diluée ce matin dans de petits flacons, ça donne un « brou de noix » très chaud, mais attention à ne pas le renverser… Ce matin, avec des pochoirs, on a préparé des fonds, c’est le moment de les utiliser. Les Ouzbeks nous regardent, surpris et amicaux.
Ce soir, diner spectacle du fameux défilé et danses traditionnelles Ouzbèkes en musique, un super moment dessiné par certaines. Encore une magnifique journée emplie de la jovialité communicative des Ouzbeks, l’émotion de revoir Nourredin après ces années Covid, le plaisir de dessiner des merveilles avec un groupe super impliqué et plein d’humour, mention spéciale à Fadièse. Notre petit leitmotiv récurrent « Qui trouvera son Bel Emir »? (c’est pas gagné).
Jour 5 – Dimanche 4/09/22 – Boukhara suite.
Ce matin, nous partons dessiner à Tchor Minor, 4 minarets accolés à une ancienne madrasa. La consigne est de se focaliser sur UN SEUL MINARET CHOISI, à détailler en couleur. Les 3 autres tours seront esquissés en contour skyline sans peinture, mais l’idée c’est Focus sur un seul. Le résultat n’est pas à la hauteur de mes espérances, mais on passe un bon moment. Une jeune étudiante en architecture Russe dessine seule, nous l’invitons à se joindre à nous. Elle nous accompagnera sur le prochain spot, le fameux « palais Sitorai Mohi Khossa » demeure d’été du dernier Sultan de Boukhara. C’est un site magique, très arboré avec des bâtisses magnifiquement restaurées dans l’esprit de l’époque. Après la visite intérieure, nous sortons dans le parc. Je demande d’utiliser 3 gabarits « marques-pages verticaux », pour dessiner un morceau de bâtiment à arcades donnant sur une pièce d’eau, le kiosque aux concubines et un motif de mosaïque. Nous n’aurons pas le temps de terminer, il est largement l’heure de déjeuner et la chaleur nous accable.
Après le repas, Iroda nous conduit dans la veille ville pour une visite plus approfondie. Madrasa Ouloug Beg et Abdul Aziz Khan (les fausses jumelles), coupoles marchandes, Poï Kalon, achat de ciseaux et couteaux. Enfin, quartier libre jusqu’à 18h, repos, achats ou dessin.
18h Atelier au Mausolée Ismaël Samani. 2 propositions, soit dessin + terre de Cassel ou coller un vieux papier de livre jauni et dessiner dessus. Monochrome, reflets dans la pièce d’eau, la nuit tombe lentement sur les carnets nous obligeant à lever le camp.
Dernière soirée à Boukhara. Iroda nous emmène dans un beau restaurant en plein air, on déguste le vin blanc local, quand la musique entrainante fait bouger l’équipe, Jacqueline est toujours « cheffe de bande » dans ce cas-là ! Totalement désinhibées, on rit, on trinque, on danse , on s’amuse, soirée mémorable; les photos racontent l’ambiance. Demain matin, départ pour Samarcande en bus.
Jour 6 – Lundi 5/09/22 Départ à 8h30 en bus. J’en profite pour passer auprès de chacune pour regarder les carnets en détail, proposer des solutions pour agrémenter l’ensemble. Je n’aurai pas le temps de voir les 10, il en restera pour les prochains jours. Arrivée à 13h à Samarcande. Après déjeuner, nous partons à l’hôtel Arba, au décor désuet.
15h 30 : Partons au Mausolée de Tamerlan « Gour Emir ». J’ai distribué le premier jour, 4 pages de photos des édifices Ouzbeks. Découpons une partie du dôme de Gour Emir (hélas en réfection ce jour là) et nous continuerons l’aquarelle ainsi commencée. Ombres et lumières ne sont pas oubliées. Les passants nous observent et font des commentaires en nous photographiant, attraction locale. Iroda a remis à chacune ce matin, un grand sac « la Route de Samarcande » qui peut contenir le siège. Photo des stars à sacs devant le Mausolée, toutes fières. L’opération cartes et timbres plombent un peu le temps restant pour dessiner la petite mosquée de quartier. J’ai une affection particulière pour elle, coeur de la vie quotidienne des locaux. Jacqueline et Isabelle choisissent l’enfilade de la rue avec les fils électriques, les autres dessinent l’entrée de la mosquée pendant que des groupes d’enfants attirent notre attention, participant à l’ambiance du jour.
Jour 7 – Mardi 6/09/22 – Aujourd’hui est un jour particulier : l’anniversaire d’Iroda !
Ce matin, atelier « attitudes et postures ». Je pose un peu, puis Jacqueline prend la relève. C’est ludique. Le temps imparti se réduit de plus en plus. Travail au Pentel direct. Ensuite, dessin de personnages d’après doc. distribués. S’en inspirer en reproduisant à différentes échelles des personnages à découper et parsemer dans le carnet. Quand il n’y a pas de monde sur les dessins, on dirait que le pays est vide d’habitants ce qui est loin d’être le cas. 9 H Iroda arrive et écope d’un HAPPY BIRTHDAY retentissant, toute belle dans sa nouvelle robe à fleurs.
10h Arrivée place du Registan, qui enflamme le groupe. Cette fameuse « place de sable » où avaient lieu les exécutions capitales est grandiose. 3 Madrasa se font face : à gauche Madrasa Ouloug Beg (petit fils préféré de Tamerlan), au fond Tila Kari et à droite la fameuse Cher Dor avec son fronton très spécial orné de tigres et gazelles stylisées, rompant totalement avec les préceptes de l’Islam. On a déjà vu ça Boukhara sur le fronton de Nadir Divan Begui. Après les explications d’Iroda, on commence le dessin. J’ai distribué des pages de « motifs de mosaïques »en noir et blanc. Coller une partie sur la page. Dessiner et peindre dessus. Le groupe s’est un peu dispersé, le soleil est redoutable à cette heure de la journée.
Déjeuner dans une ancienne Datcha. En fin de repas, un gâteau d’anniversaire au chocolat apparait comme par magie et les petits cadeaux pour Iroda sortent des sacs. « Oh la jolie veste marine à motifs que j’avais repérée à Boukhara » ! c’est pour toi ma belle. Ses filles lui ont offert un beau sac à mains et des chaussures à hauts talons dont elle se souviendra avec douleur ! Demain, c’est baskets !
15h 30. Nous partons au marché Sy Yob. Ici, le petit carnet accordéon préparé en amont est utilisé pour un reportage graphique et aquarellé à l’intérieur du marché. Ce matin, nous avons fait quelques pochoirs sur les pages. Je propose de lâcher les couleurs les plus accrocheuses et dessiner ensuite. Le groupe se disperse. RV à 17h 30. Achats de fruits secs obligent ! Juste en face, dômes et minarets de la Mosquée Bibi Khanoum nous toisent. Toujours au marché, à l’abri du soleil, distribution de cartes bleues format 11×15. Dessiner au crayon de couleur marine et apporter quelques rehauts au feutre blanc. Déjà 19h, il est trop tard pour visiter la mosquée, ce sera pour demain. encore une superbe journée. Il en reste encore une à Samarcande.
Jour 8 – mercredi 7/9/22 Dernier jour à Samarcande
9h -Atelier préparation de fonds pour la célèbre Nécropole Chaki Zinda (écriture ininterrompue « Chaki Zinda », à l’aquarelle du haut à mi page en teintes douces, bleu, vert, ocre clair : ça doit rester un fond) Le plus fabuleux site de Samarcande nous ouvre ses portes. Construit sur le site du tombeau de Koussam Ibn Abbas, neveu du prophète, onze mausolées se succèdent (émirs, sultans, filles, soeurs, épouses et nourrices de Tamerlan) Invasion fulgurante de céramiques turquoise, jaune, émeraude, ocre, délicatesse calligraphique, la matinée ne suffira pas à régaler sens et pinceaux.
11h Arrivée à Chaki Zinda « le roi vivant ». Montée des 40 marches (escaliers du paradis) commentaires d’Iroda, photos, magie du site envahi de soleil, la séance dessin commence seulement vers midi à l’ombre.
Sur le fond préparé, choix d’un sujet. Dessiner une partie des entrées ou coupole, à traiter à l’aquarelle et laisser le reste en contour façon skyline sans détail, pour attirer l’attention sur le sujet choisi, le fond « écrit » doit s’intégrer à l’ensemble. Vers 13h 15, nous rejoignons Iroda pour la photo de groupe et les dessins alignés. Un tour dans la boutique de jolis vêtements et presque tout le monde repart avec une veste. Heureusement, le service au restaurant sera rapide.
Après le repas, Iroda nous conduit à la Mosquée Bibi Khanoum, et évoque sa légende. Le baiser brûlant de l’architecte, éperdu d’amour pour la belle Bibi, laissera une trace définitive sur sa joue, la condamnant à une mort certaine quand Tamerlan rentre de guerre. Quartier libre pour les derniers achats ou dessins dans les ruelles alentour, moment croqué partagé avec Fadièse. Depuis l’essor du tourisme, Samarcande a cerné le quartier populaire de murailles. Derrière surgit le dôme turquoise de la belle mosquée entre façades en pisé, mosaïques et tuyaux de gaz zébrant les ruelles. Ici est la vraie vie où Iroda, très émue, nous montre la maison de sa grand-mère; elle y a joué toute son enfance, vendue depuis. Vers 17h, nous regagnons la VOKZALI (gare). TGV direction Tachkent où nous passons la nuit, puis à l’aube, nous prendrons un autre train pour la vallée du Ferghana, dernière étape du voyage.
Quelques mots sur la vallée du Ferghana. Région prospère très peuplée d’Ouzbékistan, emberlificotée entre Kirghizstan et Tadjikistan. Staline se flatte d’avoir tracé ces frontières, divisées pour mieux régner. En effet, ce problème engendre souvent des conflits inter-ethniques. Demain, nous traverserons plaines et montagnes, hauts lieux de l’artisanat Ouzbek entre ruralité et champs de coton. C’est ici que nous découvrirons Kokand et ses vestiges de la Route de la Soie, la ville de Richtan, fief de la poterie artisanale et Marguilan, haut-lieu de tissage du coton et de la soie, région que j’ai découvert en 2017.
Jour 9 – Jeudi 8/09/22 – Direction Kokand au Ferghana.
Réveil brutal à 4h 45. Nauséeuse, à peine entrée dans le bus direction la gare, un sac plastique me sauve du pire. Les raviolis à la viande (trop grasse!) de la veille ne sont pas passés, je le sentais. Notre train est un vieux modèle datant de l’ère Soviétique, aux compartiments rustiques en bois, le voyage sera long. Beaucoup d’entre nous s’offrent une petite sieste, je m’effondre, Christine et Isabelle sont dans le même état que moi. J’avoue avoir peu profité du paysage, assommée comme une masse. Un beau souvenir se matérialise sous les traits d’une charmante jeune musulmane me souriant gentiment quand je passe dans le couloir à la recherche des toilettes. Arrivées à destination, le bus nous conduit à l’hôtel, le très charmant Silk Road au jardin arboré de petites tonnelles où nous passerons de belles soirées et ateliers du matin.
Pour l’instant c’est diète en chambre pour les 3 malades, avec plateau repas : riz, Coca et thé brûlant. Le groupe valide part avec Iroda qui les conduit au magnifique Palais Khudoyar Khan. Vers 16h, elles sont de retour, je me suis requinquée; nous partons dessiner la belle Mosquée Djami. Plafonds peints, colonnes de bois sculptées et minaret de briquettes ambrées dans le jardin arboré. La perspective n’est pas facile, inutile de tout dessiner, j’ai prévu une mise en page avec quelques bandes de Whashi-tape pour laisser du blanc. L’ambiance est sereine, quelques Ouzbeks admiratifs nous regardent dessiner sans déranger, échangeant avec Iroda, expliquant notre voyage en dessin.
Au repas du soir, les carnets circulent et chacune constate la diversité des réalisations sur un même sujet. C’est tellement enrichissant, je suis fière de mon équipe de choc.
Jour 10 – Vendredi 9/09/22 Richtan, ville des potiers de renom du Ferghana. Journée inoubliable.
8h 30- Atelier Théière et tasses en perspective (puisque c’est le jour de la poterie) sous les tonnelles du Silk Road. 10h – Départ pour Richtan. Arrêt en cours de route au marché de Baraka Bozor (ici ils l’appellent Boston! allez savoir pourquoi ?) On y vend de la vaisselle bon marché portant le motif récurrent de la fleur de coton blanche sur fond marine avec un petit liseré doré. Il faut bien regarder car toutes les pièces ne sont pas de qualité.
En réalité, si nous nous sommes arrêtées ici, c’était pour une autre raison. En 2017, Nous sommes littéralement tombées ici même, sur une scène insolite. Des femmes faisaient fondre du plomb dans des écuelles et en fonction des dessins apparaissant en séchant, une cartomancienne lisait leur avenir. Nous avons échangé, dessiné des portraits, c’était super. Avec Iroda, nous espérions revoir la scène et n’avons pas divulgué notre secret au groupe. Hélas, sur place, la pratique semblait confidentielle, nous avons senti que nous n’étions pas les bienvenues, surtout impossible de dessiner. Du plomb dans l’aile, si j’ose dire !
Aussi, repartons-nous au marché où les villageoises très tactiles, nous accueillent avec exubérance en musique, nous invitant toutes à la danse locale. Une ambiance incroyable. Les photos fusent, les rires aussi, Iroda traduit. Enfin, nous dénichons un emplacement pour dessiner vendeuses, étals, scènes de vie. Quel joyeux moment d’humanité simple, qui reste gravé à jamais dans nos mémoires. C’est touchant d’être ainsi accueillies, cajolées, photographiées. Je me suis demandée … s’il y avait eu des hommes parmi nous, l’ambiance aurait été la même ou pas ? Après quelques emplettes, il faut repartir car le Potier nous attend pour le déjeuner. Avant d’entrer dans le bus, des femmes offrent discrètement à chacune de petits bols colorés.
Roustam Ousmanov est très célèbre dans son pays. Son domaine s’ouvre en façade par de magnifiques panneaux bleus muraux. A l’entrée, un petit musée de la céramique nous attend, les siennes et d’autres en provenance d’Iran, Afghanistan et de tout l’Ouzbékistan. Ici, tout est délicatesse bleutée. Nous sommes invitées à manger le Plov préparé par son épouse. Installées dans une pièce réservée à notre groupe, nous sommes servies comme des hôtes de marque. Le meilleur Plov de tout le séjour. Parfumé, odorant, épicé à point, riz parfait ! Ici, on ne badine pas avec les règles d’hospitalité et les touristes sont réellement les bienvenus. Roustam a passé la main à son fils, qui nous fait la démo du moulage d’un vase au tour, quelle habileté. Il est souriant et plutôt agréable à regarder (Bel Emir ?)
Je propose de faire des collages aléatoires avant de dessiner et de choisir les sujets en fonction des envies, dans l’atelier, les pièces attenantes, le jardin, les boules de céramiques bleues qui pendent du plafond, les mini bols, les grenades vernissées de toutes les couleurs. C’est enchanteur. A l’étage, un peintre d’assiettes dessine les motifs sur les pièces sorties du four, directement au pinceau fin, avec des oxydes de zinc, cadmium, etc… Il propose à la vente ses pinceaux en poils de chèvre, les faisant essayer à la demande. Tout le monde en a acheté je crois. On est si bien ici qu’on resterait toute la nuit encore. Mais Iroda nous rappelle qu’il est temps de rentrer, car nous avons prévu de dessiner dans un champ de coton. Après une dernière photo de groupe, nous quittons Roustam et ses créations magiques. Plus tard, dans le champ de coton, je cueille quelques branches de coton, mais les pesticides collent partout, dégoûtant ; on se contentera des photos. A l’entrée, un vieux tracteur bleu inspire presque tout le monde, la champ de coton a encore quelques aficionados. Soudain, le propriétaire des lieux arrive et discute avec Iroda. Il dit sa fierté qu’on ait choisi son champ pour dessiner ; après un coup d’oeil aux dessins, il repart satisfait.
Après le diner, soirée Quizz. 2 équipes s’affrontent. 25 questions sur l’Ouzbékistan, certaines ont potassé le guide, d’autres non. Mais au final, tout le monde gagne (un feutre de couleur).
Jour 11 – samedi 10/09/22 Direction Marguilan et le tissage
Ce matin Atelier « Carte postale ». A partir de son dessin préféré, le reproduire en simplifiant sur une carte aquarelle que je fournis. Il suffira de l’envoyer à la personne de son choix… ou pas.
10h Départ en direction de Marguilan. Arrêt dans le centre ville, où trônent tout au long de l’avenue principale, des étalages de pains (non) tout ronds, chauds, brillants, recouverts de graines de sésame et pavots. Les tapons à pain dessinent des motifs floraux sur la croûte. Appétissant et quelle bonne odeur. Nous dessinerons pendant une bonne demi heure devant le four d’un boulanger. Le petit Hassan que je croque, n’est pas en reste et dessine aussi, tout fier de montrer ses talents, comme sa soeur ainée. Ambiance joviale et bon enfant, le pain nous est partagé à volonté et satiété. Vers 13h, nous partons manger dans le centre ville, ambiance plus tradi et religieuse que partout où nous sommes passées. Au XIXème siècle, 200 mosquées occupaient la ville, disparues sous l’occupation soviétique. Des hommes portent la longue barbe, parfois teinte au henné, calot musulman et djellabas, tenue rare jusque là. Un Plov nous est servi, le 3ème du séjour, cuit à l’huile de tournesol. J’avoue ne pas avoir apprécié son goût marqué, recette typique de la région. Autant de Plov servis, autant de goûts différents.
Ce matin avant de partir, nous avons préparé des fonds pour notre visite à la fabrique Yodgorlik de Marguilan. Avec des gabarits carrés, ronds, de tailles différentes, on trace des formes pour le reportage graphique du site. Tout autour des formes, on peint les motifs colorés des Ikats en teintes fondues, célèbres dans tout le pays. Certaines ont un petit accordéon, d’autres dessinent directement sur le carnet.
Je me souviens parfaitement de notre première visite en 2017 avec le groupe de stagiaires. C’était une véritable ruche ici, on se déplaçait accompagnées d’un guide expliquant étape par étape le processus de fabrication, du cocon dévidé au tissage d’Ikats, passionnant et très instructif. Arrivées sur place, la surprise est de taille. Les locaux se sont beaucoup dégradés, l’ambiance de ruche a complètement disparu, pas de guide bien sûr, juste Iroda pour nous. Peu de femmes dans les pièces, une forme d’abandon et de morosité emplit les lieux. Interrogée par Iroda, une femme explique un mouvement de grève actuel suivi par de nombreuses employées, à propos des conditions de travail et des salaires trop bas. Incroyable. Je n’aurai jamais cru entendre parler de grève ici, tout arrive. Nous nous dispersons pour dessiner dans les diverses pièces. La préparation du batik renvoie dos à dos indigo et blanc, dans un ballet de petit tubes plastique emprisonnant la teinture. La première étape est matérialisée par les cocons, dévidés dans une bassine d’eau par des femmes actives et enjouées, que nous sommes plusieurs à croquer. Des touristes étrangères entrent avec leur guide et poussent de petits gloussements de surprise, oh ah an! imitées immédiatement par l’ouvrière qui travaille en face. La complicité s’installe, nous rions sous cape. Pas besoin de longs échanges. Elle apprécie les dessins, pas les oies blanches. Certaines femmes emmènent sur leur lieu de travail, enfants ou bébés, elles n’ont personne pour les garder, elles s’arrangent. J’ai remarqué qu’en Ouzbékistan, les enfants sont sages, on les entend rarement pleurer ou hurler.
Ce soir, au retour, nous fêtons l’anniversaire d’Isabelle. Iroda est arrivée à dénicher un superbe gâteau blanc avec de petits pompons posés dessus. C’est charmant, Isabelle souffle les bougies, nous lui avons toutes écrit un message d’amitié et offert un petit cadeau, direct de Richtan. Demain sera notre dernier jour, cette soirée clôture joliment notre séjour à Kokand.
Jour 12 – Dimanche 11/09/22 Retour à Tachkent
9h. Valises bouclées, 2 mini bus nous attendent pour le voyage retour en direction de la capitale. D’abord, partons visiter le palais de Kokand, certaines n’ont pas pu le faire le jour J. C’est magnifique. La cour intérieure avec ses grenadiers est tout à fait charmante et inspirante. Plafonds peints, piliers sculptés et mosaïques à tendance outremer en façade. Pas le temps de croquer, on se contente des photos du site et du groupe. Contretemps ou faux départ : Pendant notre visite, les chauffeurs sont partis en ville acheter des bouteilles d’eau et ne reviennent plus. Agacée Iroda prend un taxi pour aller à leur rencontre. Au ton de sa voix, inutile de traduire, elle est furieuse et le fait savoir, nous avons largement perdu une heure. Cette fois-ci, nous partons vraiment, 6 heures de route au moins nous attendent.
Environ une heure plus tard, nous stoppons le long de la route pour voir et croquer un marché de pastèques et melons que vendent les locaux. Comme toujours, femmes et hommes nous font la fête et veulent être photographiés avec nous. Enfants et adultes sont subjugués de voir ce groupe descendre de voiture pour dessiner, peindre. Quelle curieuse manie ! Une mamy bien typique nous sourit de ses rares dents en or et prend la pose, son énorme pastèque sur les genoux . Elle nous fait goûter une tranche. Les enfants sont béats, les hommes dégainent leur téléphone pour photographier la scène.
La route de montagne serpente dans un paysage désertique. Le ciel s’assombrit, quelques gouttes s’écrasent sur le pare-brise. Nouvel arrêt dans un village où l’on retrouve les beaux étalages de pains dorés à souhait. Un marchand propose des Kuruts, boules de fromage ultra sèches et salées. Les kilomètres défilent encore. Sur une forte pente, au détour d’un virage, surgit un énorme troupeau de moutons, marrons foncés, brun clair, tachetés… bêlements, visages souriants des bergers, tout nous incite à l’arrêt. Murielle attrape un petit agneau noir à tête blanche, craquant. C’est son nouveau copain, tout le monde la mitraille (nouvelle photo de profil ?), elle est touchante avec ce petit être docile, qui semble apprécier ses marques de tendresse.
Nouvel arrêt repas. Ici les serveuses portent un uniforme avec petit calot bordeaux assorti au gilet et tablier, chemise blanche et cravate bordeaux, pantalon noir et leur nom dans un petit badge accroché autour du cou, d’un autre siècle. Très Soviets. Mais charmantes.
Arrivée vers 16h à Tachkent. Iroda nous fait visiter le métro et les plus célèbres stations, portant les noms de poètes, évidemment recouvertes de mosaïques bleues, scènes d’antiquité ou religieuses. C’est magnifique, en effet. Derniers dessins de la ville. Retour à l’hôtel et ultime repas au Dunyo, restaurant à terrasses privées, Pizzeria, bar Lounge et discothèque à orchestre. Iroda entraîne sur la piste les plus motivées. Elle veut finir la soirée en beauté, notre petite fée.
Temps de repos limité, notre avion décolle à 2h 45. Le bus nous dépose à l’aéroport à 1h du matin.
Ainsi se termine notre voyage sur la Route de la Soie. Tous s’est bien goupillé, le temps était parfait, un peu trop chaud au début, plus tempéré dans le Ferghana. La meilleure période me semble être mi-septembre à fin septembre.
J’espère avoir donné envie à tous ceux qui liront cet article d’aller à la rencontre de ces peuples d’Asie Centrale aux traditions millénaires, mais délibérément ouverts à l’étranger, quel qu’il soit. C’est ce que j’apprécie tout particulièrement ici, l’hospitalité et la confiance faite à l’inconnu qui parcourt l’Ouzbékistan.
Et surtout, ce voyage restera inoubliable grâce à Iroda. Tout le monde l’a vraiment appréciée, toujours d’humeur égale, pleine d’humour et d’entrain, et professionnelle, enthousiaste à nous faire apprécier son beau pays dont elle est si fière.
Un voyage en Ouzbékistan sans Iroda, c’est du pain sans sel, incolore, inodore. Un régime !
Lacaille Fourcade Sylvie
Wahouuu… Merci Marie, ton récit est à la hauteur du voyage que tu nous a permis de faire .. j’en ai encore et pour longtemps plein les yeux et le coeur. Mon boulanger voyant à quel point j’étais fascinée m’a préparé des pains ouzbeks pour mon repas..j’ai essayé avec les photos et internet de concocter un repas digne de ceux qui nous ont été servis. Cela a beaucoup plu à mes amis. Certains ont pris les coordonnées d’Iroda pour un futur séjour… Grâce à toi j’ai fait un de mes plus beau voyage. Merci. Et j’espère à bientôt pour une autre aventure ..un autre partage.
Marie STRICHER
Merci beaucoup Sylvie, c’est adorable de ta part. J’espère que tu vas bien te régaler avec le pain « nan » fait par ton boulanger, raccord avec l’Ouzbékistan. Et tout le reste est très appétissant. Oui à bientôt pour de nouvelles aventures, j’espère.
Agnan chantal
Bravo Marie pour ce superbe reportage cela nous donne l’occasion de faire un deuxième voyage et de revoir nos charmantes ouzbeks et nos amies participantes .Merci à toi
Marie STRICHER
Merci beaucoup Chantal, j’ai mis du temps mais j’avais plein d’autres choses à faire. Ca fait du bien de « prendre un bon bain Ouzbek » ! Bises et à bientôt. Les bises à Bernard, jamais oublié.
Hélène GUILLERMET
Merci pour ce magnifique reportage qui nous fait découvrir ce beau pays. Les indications pour la composition des pages est un vrai plus ! C’est vraiment sympa ce partage !
Marie STRICHER
Merci à toi Hélène. Je vois que tu suis de près mes aventures croquées, ça fait plaisir. Oui c’était encore un super voyage cette année. On a encore les yeux qui papillonnent et le coeur aussi.
Fadiese
Bravo ! On comprend qu’il t’ait fallu tout ce temps pour décrire ce fabuleux voyage. Tout y est …
En te lisant on retrouve tous ces merveilleux moments de partage, avec les Ouzbèkes mais aussi entre nous. Sans oublier l’unique et extraordinaire Iroda.
Merci à toi de nous avoir permis tout cela.
En route pour de nouvelles aventures !
Marie STRICHER
Merci Fadièse pour ton commentaire. J’avais l’impression en racontant chaque journée que nous avions pleinement profité et que la bonne humeur générale nous enveloppait de sa chape protectrice, c’est peut-être l’effet « Iroda » ? C’était vraiment bien et vous étiez toutes formidables. Différentes et formidables.
christine catteau
Marie
Quel journal de bord « époustouflant «
Quel bonheur de t’avoir rencontrée
Merci pour ce magnifique souvenir que tu nous offres
Un carnet de voyage unique
Marie STRICHER
Merci beaucoup Christine. C’était aussi un plaisir de partager avec une telle équipe de choc.
christine catteau
AH MARIE…si tu savais…
quel bonheur de voyager avec toi!
merci encore pour ce reportage qui nous replonge dans ce pays incroyable, et tous ces instants partagés
en route pour de nouvelles aventures!!
Isabelle ABOLS
Merci Marie, quel plaisir de revivre ces moments uniques dont tu décris si fidèlement l’ambiance, l’intensité, la richesse, alliant découverte et échanges à la passion du carnet de voyage. Indéniablement exceptionnel et très réussi !
Marie STRICHER
Merci beaucoup Isabelle. C’est vrai qu’il y avait toute une gamme de plaisirs partagés, ambiance, richesse du patrimoine, intensité (que de travail!) et les rires et les anniversaires. To !
Isabelle ABOLS
Merci Marie, quel plaisir de revivre ces moments uniques dont tu décris si fidèlement l’ambiance, l’intensité, la richesse, alliant découverte et échanges à la passion du carnet de voyage. Indéniablement exceptionnel et très réussi !
Jacqueline Lebouvier
Un grand Bravo et merci Marie pour ce reportage !!! Très chouette ????, cela nous rappelle les nombreux bons moments de ce voyage en excellente compagnie !!!!
Beau souvenir de ce pays attachant et enchantée d’avoir croisé Iroda sur la route de la Soie ????
Marie STRICHER
Merci Jacqueline, c’était top et nous avons partagé d’excellents moments ensemble. Ravie de t’avoir croisée pour ce stage et j’espère qu’on se reverra. A Clermont déjà ? Bises
VAURS Martine
Vraiment quel plaisir de lire ton recit, et de voir photos et carnets de voyage
J’ai revu avec tant de joie toutes ces belles mosaïques, mon fils ayant habité Tachkent 3 ans… J’y suis allée, bien sûr
Ton stage est tres bien organisé, vraiment bravo…. ????
Marie STRICHER
Merci Martine. C’est vrai ça rappelle plein de choses si tu y es allée. On a vraiment bien profité de tous ces moments intenses et surtout avec notre petite Fée Iroda, qui montre son pays avec enthousiasme et authenticité. Je crois que tout le monde est content.
Barbara Drouaud
J’ai parcouru ce voyage riche en couleurs, émotions, dessins,peuples souriants et accueillants et des monuments sublimes…Cela donne vraiment envie d’y aller…
Marie STRICHER
Merci Barbara. En effet c’était un super stage, les habitants sont très accueillants et les monuments à couper le souffle. A bientôt, qui sait ?
Marie STRICHER
Barbare, je vous envoie les infos pour les prochains stages de 2023, au Kirghizstan cette année. Bonne fin d’année. Marie Stricher