
Jour 1 – Dimanche 14/09/2025
Depuis longtemps, je rêve de voir les « restes » de la mer d’Aral (qui signifie Ile en Kazakh !) et les paysages lunaires qu’elle occupe désormais remplacés par le désert. 17 h. Aéroport St Exupéry me voici avec une partie des 10 stagiaires qui m’accompagnent dans cette aventure, tout.e.s aussi passionné.e.s que moi par le sujet dont Jean, parmi les 10 inscrit.e.s. Auparavant, il a déjà fait partie de l’aventure Asie Centrale et j’apprécie sa présence attentionnée autant que passionnée. Le reste du groupe en provenance de Genève nous retrouve à Istanbul. Comme toujours, retard de 45 minutes au décollage, Turkish Airlines et ses retards récurrents ! Arrivée Ouzbèke prévue à Urgench vers 7h où nous attend Iroda.
Jour 2 – Lundi 15/09/2025
Ouzbékistan. Par le hublot, le jour se lève sous les premiers rayons du soleil. J’aperçois de grosses flaques bleues articulés sur des canaux, de plus en plus proches. Le sourire radieux d’Iroda nous accueille, avec sa spontanéité coutumière, remède imparable à la mélancolie. Nous partons en mini bus, pour un petit déjeuner copieux dans un hôtel d’Urgench. Nous sommes dans la République Autonome du Karakalpakstan, synonyme de Mer d’Aral, région la plus pauvre du pays. Partons pour sa capitale Noukous notre 1ère étape. Tout le long de la route, s’étalent des champs de coton, à perte de vue. Justement, nous nous arrêtons pour échanger avec les cueilleuses affairées, ravies d’échanger. Iroda évoque la métamorphose du coton, de la fleur jaune à la rose, puis la capsule verte et dure apparaît, libérant le pur coton s’échappant de sa gangue et cueilli sans tarder, 5 passages sont nécessaires. Dourdina explique que chaque automne, elle récolte le coton dans sa région, « parfois de 100 à 200 kg par jour, c’est un travail éprouvant mais j’en ai besoin pour vivre « . Tout le groupe dessine sur place, captant la position pénible des femmes penchées sur les plants, foulard, manches longues et gants pour se protéger du soleil et surtout des branches cassantes. Un petit groupe d’homme assis sur leurs talons, discutent entre eux, surveillant discrètement les ouvrières. Nous cueillons quelques branches de coton et ses fleurs, nous ferons un atelier en fin de journée. Nouvel arrêt dans un vignoble, les grappes de raisin mordorées scintillent entre les branches, jouant avec les rayons du soleil. Plus tard, on aura l’occasion de goûter le vin local.
A 12h 30 nous déposons nos bagages au Pana Hôtel de Noukous, belles chambres mais Wifi en panne. Déjeuner dans un resto local, le Wok de poulet se fait attendre. Dans la rue, nous croisons des élèves en uniforme qui partent à l’école, comme cette jeune fille.
Le sujet du coton est vraiment inspirant. Un grand bravo pour ce premier jour.
Temps de repos pour tout le monde. RV à 17h 30 sur la terrasse. Briefing de présentation et déroulé du stage, je montre craies et pigments que nous utiliserons. Nous nous installons pour dessiner le coton en branches et en fleurs. Iroda fait son aquarelle dans un petit carnet, le dessin, ça lui plait et ça me ravit. Jean commence la 1ère page du carnet accordéon qui circulera tout au long du voyage, 1 dessin par jour et par personne. Diner dans un restaurant turc, bien trop copieux (mais ça, c’est l’Ouzbékistan, on le sait) : crudités, soupe de potiron, viande au riz et légumes, baklava (irrésistible). Un petit partage de Wifi pour donner des nouvelles à la famille avant de regagner nos chambres. Il est temps de se reposer.
Jour 3 – Mardi 16/09/2025
Ce matin, nous partons visiter la grande nécropole de Mizdakhan (Forteresse des infidèles), lieu de pèlerinage musulman, à 30 km de Noukous. Ses habitants étaient Zoroastriens (adorateurs du feu) c’est pourquoi elle porte ce nom. Première approche de cette religion précédant l’Islam, dont certains édifices sont parsemés du fameux symbole bleu en forme de papillon vertical signifiant bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions. Bien qu’ayant « officiellement disparu », elle continue à bas bruit de s’exprimer dans toute l’Asie Centrale. Nous constatons que ce « cimetière » est toujours actif, au vu des tombes récentes qui le parsèment.
Une skyline s’impose, en prenant de la hauteur pour capter coupoles et murs des anciens édifices. Au préalable, nous avons jeté sur la page, 2 couleurs aquarellées, bleu et ocre, pour placer les restes de la forteresse Jumart Kassab. Les ombres se déplacent sans cesse, près de midi 25°, il est temps de poser les pinceaux.
Au village de Xojeli, bonne ambiance Ouzbèke comme on aime. Les femmes joviales sourient généreusement de toutes leurs dents dorées ou pas. On fait le buzz avec nos carnets. Repas sur le pouce de samossas, dessin du marché avant de partir pendant qu’une femme filme longuement ces drôles de Françaises pour un seul homme !
Direction Noukous : le fameux Musée Savitsky, parfois appelé « le Louvre du désert ». Ouvert en 1966, il abrite la 2ème plus grande collection de peintures d’avant-garde russe au monde On le doit à la détermination acharnée d’ Igor Savitsky (1915/1984) archéologue et artiste Russe. Il découvre l’Asie centrale lors de fouilles dans la région du Korezm et se passionne pour le pays; fasciné par la peinture avant-gardistes (les décadents, futurs dissidents) interdite par le régime stalinien, il quitte Moscou en 1957 et emménage à Noukous se consacrant à plein temps à la recherche inlassable de toute oeuvre interdite par le pouvoir. Plus tard, il convaincra la ville de Noukous d’ouvrir un musée. Sur 2 étages, les pièces sont superbement mises en valeur par l’éclairage et la qualité des peintres comme Alexandre Volkov, Vasily Lysenko (et son célèbre Taureau), I. Savitsky et tant d’autres. Nous croquons au feutre, quelques parures ornementales et bijoux. Une belle surprise, je m’attendais à un petit musée provincial, mais il force le respect et l’admiration. Une journée bien remplie et inspirante au possible.
Jour 4 – mercredi 17/09/25
9 h, grand départ pour LA mer d’Aral. Nous avons préparé un sac de voyage pour les 2 nuits sur place, nous logerons en yourtes collectives. Trois 4×4 nous attendent devant l’hôtel. Davlat est notre chauffeur.
Hormis Iroda, nous sommes accompagné.e.s par Ouloug Beg, guide francophone du Karakalpakstan prévu au programme. Il évoque la naissance de cette république en 1930, découpage territorial par la Russie de tous les pays en Stan (sauf l’Afghanistan), dont la capitale est Noukous. Lors de l’indépendance de l’Ouzbékistan, elle est restée à l’intérieur du pays. Elle comprend un parlement, des députés élus et des ministres, dont le « premier » est confirmé par le président Ouzbek. Ici on peut adopter des lois propres au territoire mais conformes à la constitution du pays. La langue est turcophone mais plus proche du Kazakh. Peuple d’éleveurs et de nomades, ce sont surtout les retombées financières de la diaspora qui font vivre la population locale. Bien évidemment, la mer d’Aral asséchée l’a fortement appauvrie, plus d’industrie de pêche, florissante dans les années 1960 avec ses 20.000 tonnes de poissons par an.
A 13h 30 nous arrivons à Moynaq. L’enseigne de la ville en forme de bateau pointé vers le ciel, incite à la photo de groupe. Premier port de pêche Ouzbek de la mer d’Aral, au temps de son essor, aujourd’hui village pétrifié, assoiffé, où quelques rares bovins traversent mécaniquement la route sous un soleil de plomb. Ne subsistent que les carcasses de bateaux rouillés, squelettes éperdus, témoins d’une époque révolue où la pêche faisait vivre des milliers de familles. Invité.e.s à déjeuner chez un ancien pêcheur, sa femme aussi discrète que charmante nous sert une délicieuse soupe de mantis (raviolis), chaleureuse hospitalité Ouzbèke. Je ne résiste pas à l’envie de la dessiner.

Ouloug Beg 




Partons justement dessiner les bateaux échoués. J’avais demandé à tous d’apporter un carton format 14×20. Après un contour rapide, on le recouvre de gouache blanche (pour que ça prenne bien), séchage et aquarelle par dessus, découpage. Jean distribue une ancienne carte d’Aral, vite collée en fond de page. Le site est parfait pour croquer, la température idéale. Je circule de l’une à l’autre, conseillant, proposant, vérifiant, pour finalement m’installer dessiner à l’ombre d’une carcasse. Mais le temps passe si vite ! Nous devons avancer, plus loin se trouve un autre cimetière de bateaux plus vaste, clôturé pour éviter le pillage. A côté, une plantation récente de saxaouls laisse percevoir ses premières pousses sous les tuteurs, une façon de limiter les effets des vents de sable récurrents. Pas le temps de visiter le musée, dommage. Il reste environ 200 km que nous mettrons 5 heures à parcourir. Piste en virage, montées, puis la »barrière » du plateau d’Oustourt. Arrêt à 18h 30, le soleil fait son show, lèche les rochers jaune indien et l’horizon se pare de magenta. Des failles profondes scient les falaises en hauteur. En réponse, des crevasses horizontales strient la surface de calcaire et craie; au zénith mille feux orangés illuminent la scène. Mais bien vite, il faut repartir car notre camp de yourtes est encore loin.







plateau d’Oustourt 

Plateau et failles 
Iroda heureuse ! 
évolution du travail sur carton 
Quelques dessins réalisés sur place. A 20h 15, nuit noire, nous arrivons au camp de Besqala où nous attend un délicieux plov et nos yourtes pour 4, aux lits confortables.
Jour 5 – jeudi 18/09/25
Ce matin au réveil, surprise, nos yourtes sont vraiment au bord de la mer d’Aral, magique lever du soleil à 6h 30! La température est frisquette et la douche… froide! Doudoune et foulard s’imposent surtout quand le vent vous attaque. Aujourd’hui, nous resterons aux alentours, les longues distances sont pour demain.
Après le petit déjeuner, nous partons en voiture pour le Cap et canyon d’Aktumsyk. Cet immense plateau et canyon s’achève par une falaise dégringolant vers la mer. Froissement de roches argileuses, blondes et plissées comme des jupes de fillettes, corniches rousses, terrasses blanches veinées d’ocre, une merveille ! ça me rappelle le parc d’Altyn Emel au Kazakhstan.
Je distribue à tout le monde, des pigments aux différentes nuances ocrées, on place du scotch de masquage vertical au 1/3 du sujet. Oublié notre lever frisquet, le soleil impose sa douce caresse. Après notre aquarelle, nous partons avec Ouloug Beg gravir la colline, jusqu’à la falaise dominant un panorama fantastique Je n’imaginais pas cette belle surprise d’Aral que les aquarelles du groupe ont représenté avec enthousiasme.
Après le repas au camp Besqala, nous consacrons l’après midi à dessiner les rives de la mer d’Aral. Ligne de fuite outremer, léger clapotis, digue étirée tout au fond, sous les rochers rose ocrés d’Aktumsyk cernant un panorama serein. Près du rivage, le contact à la fois crissant et spongieux du sol est dissuasif. De près, les vaguelettes s’échouent à mes pieds, chargés d’une mousse blanche inquiétante, je n’irai pas plus loin, pas de trempette de pieds.
Ici une activité nouvelle a vu le jour depuis la découverte de « l’artémie », alevin d’une micro-crevette survivante de la « mer de sel ». Elles sont récoltées ici même et exportés en Chine pour les fermes piscicoles et aquacoles, un débouché vital pour la région et quelques anciens pêcheurs.
Loin des années 60 où la mer d’Aral était le 4ème plus grand lac du monde étalé sur l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, elle abritait alors 34 espèces de poissons, exportant sa production en URSS. Dans les années 50, le régime soviétique a misé sur le développement intensif de la culture du coton Ouzbek. Pour irriguer les steppes désertiques et laver abondamment les sols indispensables à la culture du coton, on a puisé à fond dans le grand fleuve Amou Darya (côté Ouzbek). Sans oublier les pesticides (coton) qui colonisent tous les sols les rendant impropres à toute culture. Désormais le grand fleuve ne se jette plus dans la mer d’Aral, tant on a pompé sur son passage, Turkménistan, Ouzbékistan et récemment Afghanistan. De plus, la culture du riz, nécessaire à l’élaboration du fameux Plov National (dont on ne saurait se passer ici), accentue encore le pompage du fleuve. Et le glacier Fedchenko au Tadjikistan qui l’alimente subit de plein fouet le réchauffement climatique. Triste bilan, irrévocable destin. Le désert Aralkum a remplacé la mer d’Aral et nous roulons… dans son lit.
Jour 6 – Vendredi 19/09/25
Après le petit déjeuner, nous prenons la route du retour et ses arrêts significatifs. Ambiances sur la piste en textes et dessins, joliment développées par certaines. Notre premier arrêt est pour Komsomolsk. Petit village au milieu de nulle part, les habitants autrefois pêcheurs, vivent désormais de l’extraction du gaz après l’extinction de la pêche. Un aéroport à l’abandon nous gratifie de son ancienne piste, près d’une école délabrée où des enfants jouent au ballon derrière un grillage débraillé. Plus loin, quelques dromadaires désoeuvrés s’éloignent lentement, le prochain bourg est à 70 km. Immense tristesse que ce village fantôme dissous avec les flots d’Aral.
Encore une longue route avant d’arriver au lac Sudochie. Une étendue d’eau parsemée de petits ilots vert fluo comme des galettes sur un lac paresseux offre un singulier paysage. Des roseaux plantés sur le fond irrégulier du lac se sont recouverts de mousse qui prospèrent pour le plaisir des oiseaux migrateurs qui aiment faire la pose et couver leurs oeufs. Dommage nous n’en verrons pas. Aquarelle rapide du lac et retour aux 4×4. Nous partons pour Urga, encore un village à l’abandon, à l’origine une colonie de cosaques exilés, seuls témoins ces croix orthodoxes parsemant le site. Au loin les vestiges d’une « glacière », petite cahute où l’on entreposait le poisson au frais pour le conserver. La façade de l »ancienne conserverie a été restaurée en 2024. En façade, les panneaux évoquent le désastre de la mer d’Aral. Ouloug Beg nous informe qu’ici, on a exilé des polonais contraints au travail forcé pendant des décennies, pendant que son propre grand-père était déporté en Sibérie. La dramatique histoire du pays résonne étrangement dans ce lieu d’oubli et de silence drapé sur la mémoire collective.
Chameaux et dromadaires ponctuent notre route de leur fière cadence à l’affut du moindre brin d’herbe, comme les Atakés, petits chevaux typiques de la région. Le retour est long jusqu’à Noukous. A 17h nous quittons nos 3 chauffeurs et regagnons l’hôtel. Atelier finitions en terrasse, avant le repas sur place.
Jour 7 – Samedi 20/09/25
Ce matin, départ à 8h 30 en minibus avec un nouveau chauffeur pour Khiva. Encore et toujours les champs de coton à perte de vue et ses travailleuses, la culture du coton fait vraiment sens. Ouloug Beg dit que sur la même parcelle, le blé est cultivé en début d’année, récolté puis remplacé par le riz, soit 2 récoltes par an. A l’approche d’Ourgench, beaucoup de voitures et d’embouteillages. 12h 30, on arrive à Khiva. Surprise,le bus entre en voiture dans la vieille ville Itchan Khala ! Avant c’était totalement piéton. Régression, pollution, là où nous bannissons les voitures dans nos villes, eux les autorisent ? Notre hôtel Zukhro est charmant, un peu en retrait, calme mais central. On apprend par le responsable que Jean-Jacques Goldman et son épouse résident dans notre hôtel ! Nous partons déjeuner tout en découvrant un peu la ville intramuros.
Dessinons les remparts extérieurs de la vieille ville. Un marché artisanal s’est installé là où je pensais installer le groupe, mais on a quand même la vue. Sur les carnets, on passe la craie Art Graph ocre sur la double page avant de mouiller pour la couleur de fond. La consigne c’est le dessin direct au feutre en contours, puis placer les ombres violacées à l’aquarelle à la fin. Beaucoup se cramponnent à leur crayon à papier ! Aïe !
La population nous observe, certains réclament une photo avec nous, toujours accueillants les Ouzbeks. Ensuite, Iroda nous conduit dans la vieille ville pour la visite du palais Tash Kauli et son Harem. Toujours aussi sublime, nous nous installons dans la cour aux colonnes de bois sculptées. Sur notre double page Khiva (écrit en grosses lettres) nous dessinons un poteau en détail au feutre noir, pour conclure la page.
Apéro bières et petits amuse bouche avant le diner. Chacun(e) s’émerveille à la découverte de cette ville-musée « piétonne » emplie (un peu trop) de magasins de souvenirs mais surtout de mosquées, madrasa et palais à chaque coin de rue. En soirée, après le diner, nous nous baladons dans la cité, sans appréhension. Les édifices parfaitement éclairés évoquent un passé culturel féérique. 1000 et une nuits.
Jour 8 – dimanche 21/09/25
Ce matin, atelier portrait après le petit déjeuner en terrasse dominant toute la ville. Contour de la carte de l’Ouzbékistan effectué, portrait de l’une des 2 photos proposées, à intégrer dans la forme de la carte. Pendant une heure, le portrait prend forme et s’affine. Les premiers problèmes intestinaux perturbent le groupe, c’est le début.
Partons visiter la ville, bondée de touristes. La dernière fois que je suis venue à Khiva en 2022, il n’y avait pas autant de monde. On attend que le flux se déverse plus loin, en s’installant à la terrasse d’un café. Quittons la zone touristique pour nous enfoncer dans les ruelles où se vit « la vraie vie » des habitants. Maisons en pisé, rues en terre battue, ateliers de sculpture sur bois, accueil chaleureux des femmes qui nous font goûter leurs sucreries, sourires et gentillesse nous côtoient. J’aime l’essence de cette ville qui hélas, se laisse franchement grignoter par le tourisme, chacun y allant de son nouvel hôtel ou bazar à souvenirs. Néo tourisme clinquant !
Visites de la Madrasa Allakouli Khan, son caravansérail et musée, ateliers de tissage de soie, tapis. Déjeuner à « la terrasse » près de l’hôtel.
Devant nous, s’élève le minaret Islam Khodja de 45 m de haut et le mausolée Pakhlavan Makhmoud. La belle Sarvinoz que je vois à chaque voyage, devenue guide, devait poser pour nous mais sa mère lui demande de s’occuper des touristes locaux en priorité. Iroda cherche une autre solution, nous dessinons donc le minaret Khodja et l’enfilade de ruelles à sa base.

vue panoramique depuis la terrasse de l’hôtel 
Petits déjeuners venté en terrasse 
Kadiatou, coucou ! 
Armelle 
un enfant subjugué par Jean 




Mausolée Kalhlavan Makhmoud et minaret Islam Khodja 


Sarvinoz 

Moqquée DJouma 

Finalement, ce sera Bakhtigul qui posera une vingtaine de minutes dans l’atelier de tissage visité ce matin. Assise telle une vestale sur son tapis d’Orient, elle a fière allure, ses petits sourires malicieux nous amusent. Quelle belle journée terminée une fois de plus devant les monuments illuminés de partout.
Jour 9 – Lundi 22/09/25
Ce matin, après un dernier petit déjeuner en terrasse panoramique (et ma skyline rapide), nous quittons Khiva à 8h 30 en bus pour rejoindre Boukhara. Les champs de coton défilent, les villages et au bout, la steppe infinie aux buissons ras, épinglant le ciel bleu. Je distingue les « roselières » ces petites buttes de roseaux qui maintiennent la terre et bloquent le sable omniprésent à cause des récurrents vents de sable qui viennent d’Aral. C’est le Kyzyl Kum ! Après un déjeuner dans un « routier », mi locaux, mi touristes, nous arrivons à 16h 30 à Boukhara.



les roselières 
Amou Daria 

Encore du changement par rapport à 2022, la bétonisation urbaine a encore frappé dans la nouvelle ville gagnée par la fièvre du tourisme affairiste. Espérons que l’ancienne ville ait gardé son authenticité. Le charmant bassin Lyabi Khouz entouré de cafés et restaurants et quelques bancs pour les locaux en vadrouille me donne le sourire, rien n’a vraiment changé. Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel Lyabi House, j’emmène la troupe dessiner avant la tombée de la nuit. Tout se fait à pied. Traversant le passage de la coupole Toki Sarafon, (coupole des changeurs de monnaie) surmontée d’une petite tourelle bleue, je propose de coller un morceau de Kraft à l’emplacement de l’ombre et de dessiner au feutre fin noir la coupole et son arche. Pas de couleur.



Toki Sarafon 
Oeuvre de la Biennale 

Bienvenue au Lyabi House 
Toki Sarafon coupole des changeurs de monnaie 
Miniature de D. Toshev 
Calligraphie 
aquarelle 
Nassredin Hodja 
Place Lyabi Khouz 
repas chez le miniaturiste 
Une belle surprise nous attend. Une première Biennale d’Art Contemporain a lieu en ce moment à Boukhara et nous distinguons près de nous, quelques oeuvres. Au fil des jours, nous découvrirons bon nombre d’autres installations. A 19h 20, nous rejoignons Iroda à l’hôtel pour déguster un délicieux verre de vin rouge. Le diner nous attend chez le célèbre miniaturiste, Davlat Toshev, chez qui j’avais diné en 2017. Sa modeste maison s’est transformée en véritable musée-expo sur 2 niveaux, entre aquarelles, calligraphie et miniatures. Le repas est raffiné. Très connu ici, il participe également à la Biennale. A la nuit tombée, la place Lyabi Khaouz nous offre ses jeux de lumière sur la bassin reflétés sur la statue du fameux Nassredin Hodja, philosophe ingénu connu pour ses histoires absurdes et humoristiques.
Jour 10 – Mardi 23/09/25
Ce matin après le petit déjeuner, atelier personnages, à dessiner au feutre sur papier coloré ou kraft, (différentes échelles), découper et parsemer dans le carnet où ça matche bien.
Départ 9h 45 pour le complexe Kalon (Minaret, mosquée et madrasa) La façade de la madrasa est en travaux, on dessinera donc l’entrée de la mosquée, sur un papier aquarelle à part, en vue du pop-up . Conseils,perspective, propositions, correction… le temps passe vite. Iroda nous entraine à l’intérieur pour visiter ce magnifique monument.















Aka Bobo marionnettiste 
Madrasa Nadir DIvanbegi 
le groupe dessine les marionnettes 






Plus tard, passage sous la coupole marchande et son artisanat réputé, suzanis, ikats, miniatures, instruments de musique, berceaux de bébés, etc… Tout près, dégustation de samossas et baklavas dans une Tchaïkhana avec terrasse couverte panoramique, ce qui nous permet de croquer dès la dernière bouchée. Je propose un reportage graphique sur l’artisanat local, en se baladant sous la coupole marchande. Remplir 4 à 5 sujets dans de petits espaces pour « dire » l’ambiance, en utilisant différents outils, crayons de couleur, feutres, aquarelle, Pentel… le groupe se disperse. On se retrouve pour aller chez le marionnettiste, j’avais prévu d’y peindre rapidement. Mais un groupe de 35 personnes déboule et nous devons quitter la boutique. Ouf, Iroda a récupéré 2 marionnettes. Nous partons à la Madrasa Nadir Divan Begi et nous nous installons. Je fais une rapide démo façon anticoloriage, débordant et dessinant à l’intérieur, c’est lâché et rapide. Les 2 marionnettes trônent au milieu de la table, le temps nous est compté, car le prochain spectacle sur place nous chasse. Temps de repos et quelques finitions avant le diner. J’en profite pour dessiner le Khanaka Nadir Divanbegi (sanctuaire Soufi) en face du bassin Lyabi Kaouz. En soirée nous allons visiter l’expo d’art contemporain, c’est magique. Et encore, on n’a pas tout vu. Ca fermait à 22h.

sorte de yourte en casseroles colorées 





maison en sucre candy 

panneaux de plastique recyclé 





Jour 11- Mercredi 24/09/25
Ce matin, atelier « mise en place du Pop-up » de la veille. Nous partons ensuite à la mosquée Bolo Haouz dessiner Nourredine le dinandier. Sous le soleil, les piliers sculptés se mirent dans l’eau du bassin mais Nourredine est parti en pèlerinage à La Mecque, remplacé par son fils Nadjod, lui aussi dinandier de talent, objet du portrait en direct. Tout le monde s’en tire bien malgré les curieux balourds qui souvent, se placent devant notre sujet. Puis nous partons dessiner le mausolée Ismaël Samani. Je distribue des cartes postales grattées au papier de verre, fond parfait pour l’utilisation du feutre brun et un travail rapide. la surface polie, garde les stigmates d’une autre vie, c’est intéressant. Enfin, nous partons à Tchor Minor (4 minarets) ancienne madrassa érigée en 1807. Or ces minarets n’en sont pas, leur origine reste mystérieuse. Une légende dit que Khalif Khoudoid, maitre d’oeuvre, très ouvert d’esprit, aurait voulu placer sur le même pied d’égalité 4 religions du monde. On observe une croix chrétienne, un moulin à prière bouddhiste, des signes de foi musulmane et zoroastrienne. Retour en ville pour partager un excellent plov. Cet après-midi, j’ai donné quartier libre, chacun et chacune dispose de son temps pour vaquer à ses occupations, visite de la biennale, dessin, repos. On se retrouve à 19h pour manger ensemble à l’hôtel.

atelier pop-up à l’hotel 
Mosquée Bolo Haouz 
Nadjod 

mausolée I. Samani 

Tchor Minor 


Pour ma part, j’ai décidé de dessiner tout l’après-midi avec Nicole. Nous trouvons une terrasse de café juste en face de la coupole des chapeliers » Toqi Telpak Fourouchon », parfait. Bien que très concentrées, les échos de l’échange de deux françaises derrière nous, nous interpellent, on dirait qu’elles travaillent pour une agence de voyage, en repérage peut-être? Intriguée, je les questionne : 2 amies Marion et Marine, effectuent un long périple de plusieurs mois en Asie centrale, organisant leurs déplacements et hébergements au jour le jour. On échange sur les autres pays alentour que nous connaissons. Elles regardent nos carnets et nous prennent en photo, ravies. Aquarelle terminée, nous partons vers le Minaret Kalon où un nouvel établissement chic vient d’ouvrir, collections de vêtements traditionnels en Ikats, objets et souvenirs typiques d’excellente facture. Au dernier étage, un café panoramique offre une superbe vue sur la place pleine de touristes. On retrouve Jean, Cécile et Iroda. Incontournable, le minaret Kalon sera notre dernier sujet. La nuit tombe lentement sur la place qui s’illumine soudain de couleurs flamboyantes sous le baiser des ballons rouges. Retour à l’hôtel pour le repas, fondant au chocolat succulent. Au moment de partir, j’aperçois JJ Goldman mangeant à la table d’à côté avec sa compagne. Curieux, nous nous sommes suivis !

croquer en terrasse. 
place Khalon 

la coupole des chapeliers 
Minaret Khalon de nuit 
au café panoramique 
Jour 12 – Jeudi 25/09/25
Ce matin, nous partons à Samarcande. Avant le petit déjeuner, je file une dernière fois dans ce quartier de Boukhara que j’adore, pour quelques photos souvenirs. La mosquée Magoki Atari dessinée il y a longtemps semble m’attendre, sans fards, elle n’a subi aucune outrance d’un relookage. Comme c’est calme ! Les rues débarrassées de touristes, un soleil primaire et délicat dépose son empreinte légère sur les mosaïques et pierres dorées ranimant joyeusement les fraicheurs matinales. Toujours un peu triste de quitter cette ville, que j’aime particulièrement pour son ambiance et sa vitalité.


Toki Sarafon 
Khanaka Nadir Divanbegi 
Mosquée Magoki Atari 
Au revoir Boukhara
Départ 8 h. Pendant le long trajet, je consacre un entretien personnalisé à chacune, (ou presque, manque de temps) parcourant les carnets, conseillant, proposant des mises en page, corrigeant ou complétant quelques noms compliqués. Je ne vois pas passer le temps, nous arrivons à 13 H à Samarcande. Le bus nous dépose près de la magnifique mosquée Bibi Khanoum, édifiée il y a plus de 600 ans, visite guidée avec Iroda. Nous déjeunons tout en préparant les « taches colorées » pour le carnet accordéon (4 face) destiné aux dessins du marché Sy Yob. La consigne : dessiner dans les taches selon son inspiration : vendeurs et vendeuses, fruits et légumes, articles pour touristes, fruits secs, pains en couronne si appétissants. Bref, dessiner la vie, ici et maintenant. Les Ouzbeks sont ravis et félicitent leurs auteur(e)s. En 1h 15, c’est juste, plusieurs n’ont pas rempli toutes les faces, mais l’important est de se « frotter » au dessin direct, spontané et sans fioritures. Il est temps de terminer la couverture de l’accordéon. Le groupe se place au bord du marché, juste en face d’une façade de la mosquée Bibi Khanoum. Dessin et aquarelle de la coupole nervurée et du minaret octogonal typique. Les derniers achats de fruits secs se bouclent juste avant la fermeture des lieux. Repas dans un immense restaurant accueillant un mariage ! Iroda nous fait faire le City Tour by night du Mausolée de Tamerlan à la place du Registan furieusement illuminés.
Jour 13 – Vendredi 26/09/25
Dernier jour du voyage. Ce matin, nous partons visiter la fabrique de papier Konigil à base d’écorces de mûriers. A 13 km de Samarcande, dans son écrin de verdure, elle perpétue une tradition ancestrale (8ème siècle). L’écorce trempée une journée dans l’eau devient élastique, elle est retirée mélangée et bouillie jusqu’à obtenir une bouillie homogène; elle est ajustée à la taille d’une future feuille de papier sur une grille. les fibre s’entrelacent, l’excès d’eau est éliminé. A la fin, on polit sa surface avec une conque.
Le site est enchanteur, bucolique et l’eau de la rivière Syab, captée dans le moulin à eau bouillonne furieusement. Soudain, un flot de touristes débarque, mettant fin à cette parenthèse enchantée. Dans la boutique, les masques en papier mâché m’amusent.
Partons dessiner le mausolée de Tamerlan « Gour Emir », bien à l’abri du soleil et loin de la foule. « choisissez et coupez un morceau de photo que je vous ai remis au début du stage. Vous collez le morceau et l’intégrez en continuant l’aquarelle. On ne reste pas longtemps, donc faites « Petit ».
Et puis, le groupe décide de prendre le temps de visiter, elles n’ont plus envie de dessiner. C’est la grève ? Soit ! Jean, Nicole et moi jouons les croqueurs et croqueuses compulsives. Franchement c’est dommage, mais bon, la fatigue s’installe, je comprends.
Nous partons déjeuner près de la place du Registan suivi par la visite commentée par Iroda. Il faut bien reconnaitre la somptuosité de ce spot aux 3 madrasas qui se toisent sur fond céruléen. A gauche Madrasa Ouloug Beg, au fond Tilla Kari et à droite Cher Dor. Avec Jean, nous attaquons à l’aquarelle directe, cette façade aux 2 tigres couronnés d’un soleil à tête humaine chassant l’antilope, défiant les préceptes de l’Islam en matière de non représentation de forme humaine. Beaucoup de touristes viennent discuter avec nous en observant nos dessins.
Point d’orgue de Samarcande, nous partons à pied à la Nécropole Chaki Zinda, la superbe. Le groupe est subjugué par la valse des mosaïques bleu sombre, turquoise, jaune, violet, orange et vert. Beaucoup de touristes flânent encore autour de ce chef d’oeuvre de 11 mausolées en céramiques émaillées, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Le groupe est fasciné par la symphonie des bleus. Je m’installe pour une dernière aquarelle directe, le temps est compté. Les touristes curieux s’arrêtent, se penchent, pendant que les copines me prennent en photo. Photo de groupe et nous repartons à l’hôtel pour un petit temps de repos. Une heure après, à la nuit tombée, Iroda nous emmène à pied « diner chez l’habitant » dit-elle. Surprise, il s’agit d’une habitante bien connue, Iroda. Sa fille Sabina et Anora la voisine nous ont préparé le repas. Trop gentil. Sur place, la petite Shukrona (bébé d’Anora) reçoit tous les baisers d’Iroda qui l’adore. Elle se laisse faire avec plaisir. Un peu plus tard, à la fin du délicieux repas, Anora lange sa fillette pour la nuit et l’installe dans le fameux berceau Ouzbek. Une démonstration en live de l’utilisation du fameux Sumak, loin des Pampers modernes. Berceau, matelas, couvertures, draps sont pourvus d’un trou dans lequel le sumak féminin est placé. Bloqué entre les cuisses du bébé, il aboutit dans un petit seau recueillant l’urine sous le lit. Après l’avoir bercée un moment, elle s’endort sur le champ. Quelle belle dernière soirée. Retour à l’hôtel pour une mini nuit.
Dès le lendemain matin très tôt, le groupe rentre en France. Seules Cécile et Michèle continuent l’aventure 2 jours de plus à Samarcande, elles dessineront tout leur saoul.
Merci à toutes et Jean pour ces 13 jours magnifiques, partagés avec vous, une bonne ambiance, gaité, entrain, application, émulation, talent, paysages, tout était au rendez-vous. Et c’est le Maestro de l’ensemble, notre chère Iroda, qui a permis la réalité de ce rêve bleu qu’est l’Ouzbékistan, grâce à sa belle énergie et son enthousiasme incroyables. Merci à elle de nous avoir fait réaliser ce rêve. Sans oublier Ouloug Beg très compétent et pro, il n’a pas ménagé les informations locales durant les trajets en Mer d’Aral.
Maintenant, je travaille sur le prochain projet 2026 en Mer d’Aral mais côté Kazakhstan. A bientôt pour de nouvelles aventures…










































































































































































christine catteau
Merci chère Marie de nous enchanter par tes talents de conteuse et les merveilleuses images qui accompagnent le texte
Talents de dessin et de mise en page de carnets que tu sais révéler pour chaque participant
Tu nous disais que c’était un long texte, je l’ai trouvé trop court
Hâte de retrouver l’équipe pour une nouvelle découverte de ces contrees
Marie STRICHER
Merci Christine. C’est vraiment sympa ton commentaire. J’espère encore susciter quelques envies d’Asie Centrale pour aller voir toujours plus loin les régions méconnues ou oubliées, avec de super groupes dont tu fais bien sûr partie. C’est ça ma profonde motivation. Merci encore. Et si Léa se décide, alors, top !! On en reparle. Bises
Elisabeth Wunenburger
Très belle narration de ton voyage carnet de voyage, en goupe en Ouzbékistan.. Les photos et les croquis enrichissent et valorisent le texte.
BRAVO MARIE!
Marie STRICHER
Merci beaucoup Elisabeth. Ton commentaire me touche et me remplit de joie. C’est vrai que le texte parfois m’emporte, tout autant que le ballet des pinceaux. Et la prochaine sera en Mer d’Aral côté Kazakhe, plus roots, mais tout autant passionnante. Merci encore Elisabeth.